LES DETECTEURS
PLANS
Le CEDIT a été
saisi par le Professeur Frija du service de radiologie de l'hôpital
Laënnec et le Professeur Montagne du service de radiologie de l'hôpital
Armand-Trousseau pour l'évaluation des détecteurs plans numériques
(DP).
ASPECTS
TECHNIQUES
La radiologie
standard a connu ces dernières années d'importantes évolutions
vers sa numérisation. Celle-ci est actuellement possible grâce
à trois techniques complémentaires : les écrans radioluminescents
à mémoire (ERLM) pour l'imagerie statique (cf. dossier CEDIT
92.11), la fluorographie numérisée pour l'imagerie dynamique
(dont les caméras CCD, cf. dossier CEDIT 98.03), et les détecteurs
au sélénium dédiés au thorax (cf. dossier CEDIT
96.05).
Ces trois technologies
présentent chacune des limites techniques. Les détecteurs
plans constituent une évolution majeure car ils se substituent au
couple écran-film conventionnel, aux ERLM,et au Thoravision pour
l'imagerie statique, et dans certains cas à la fluorographie numérisée
pour l'imagerie dynamique. Différentes techniques sont utilisées
par les DP : conversion directe ou indirecte, matrices de transistors ou
CCD. Ils seraient installés sur les tables de radiologie standard
en lieu et place des porte-cassettes actuels. L'image résultante
obtenue immédiatement après l'exposition est numérique.
Des compromis restent à faire entre la taille du champ et la cadence
d'acquisition en imagerie dynamique : aujourd'hui, cette acquisition dynamique
est limitée à des petits champs.
Les détecteurs
plans présentent tous les avantages de la numérisation, à
des degrés parfois supérieurs : réduction de dose
potentiellement plus grande , possibilité de grands champs permettant
de couvrir l'ensemble des indications, gains de temps et de productivité
supplémentaires du fait de la suppression de manipulation de cassettes
et de temps de développement (par rapport aux ERLM par exemple),
acquisition immédiate permettant de rester près du patient,
traitements d'images et logiciels d'aide au diagnostic, mise en place de
réseaux d'images intra ou extra hospitaliers, et insertion des images
dans le dossier patient informatisé.
De nombreux
produits ont obtenu en 1997 et 1998 l'autorisation FDA. Le marquage CE
se fait au fur et à mesure de l'intégration des détecteurs
plans dans de nouvelles tables de radiologie.
ASPECTS
MEDICAUX
La radiologie
conventionnelle représente encore aujourd'hui environ 70% des actes
radiologiques en France. L'imagerie statique, telle que la radiologie ostéo-articulaire,
pulmonaire ou mammographique, nécessite un contraste et une résolution
spatiale élevés, et constitue un terrain privilégié
de recherche et d'applications cliniques pour les DP. L'un des intérêts
médicaux potentiel de cette technique serait d'obtenir une image
de qualité au moins équivalente à celle de la radiologie
conventionnelle en diminuant les doses d'irradiation. D'autre part, la
rapidité de l'examen, l'acquisition immédiate permettraient
une meilleure gestion de l'imagerie en urgence, avec un gain de temps non
négligeable pour la prise en charge notamment des traumatismes sévères.
Enfin, d'ici
quelques années, le DP pourrait se substituer à l'amplificateur
de brillance et permettre ainsi la réalisation de radiologie interventionnelle
et d'examens dynamiques avec opacification.
La majorité
des études publiées concernent des prototypes de petite taille.
La seule étude portant sur un détecteur grand champ conclut
que la qualité d'image de ce détecteur, à dose d'irradiation
égale, est au moins équivalente à celle du couple
film-écran. Il faut noter l'absence d'études publiées
comparant le film à l'image numérique interprétée
sur écran ; or, seul ce type d'étude permettrait de mesurer
la réelle valeur ajoutée de la numérisation dont les
avantages (traitements d'images et logiciels d'aide au diagnostic, mise
en place d'un réseau d'image numériques -PACS-) renforcent
l'intérêt médical des DP..
ASPECTS
ECONOMIQUES
Le coût
d'investissement d'un détecteur plan intégré dans
un statif pulmonaire est de 1,5MF à 2,5MF versus 0,5MF à
0,8MF pour un potter pulmonaire classique. Il faut d'autre part ajouter
un surcoût d'environ 300KF pour l'acquisition d'une station de travail,
et 600KF pour une console haute résolution. Les coûts d'investissement
des systèmes numériques sont donc environ deux fois plus
élevés que ceux des systèmes conventionnels.
A l'heure actuelle,
les économies que permettent l'acquisition d'un système numérique
(gains de productivité, réduction des coûts et du temps
d'examen) ne sont pas suffisantes pour compenser les coûts d'investissement
initiaux.
La mise en place
d'un PACS, motivée par le projet médical de l'établissement,
permet l'automatisation des fonctions d'acquisition, d'archivage, de distribution
et de traitements des images et engendre des coûts d'équipement
et de maintenance importants. Un retour sur l'investissement, immédiat
ou après une période de transition, est attendu en terme
d'impact organisationnel (économie de films, d'espace et de personnels
mais également) et d'amélioration de la qualité des
soins et du dialogue prescripteurs/médecins.
PROJETS
D'EVALUATION
Le Professeur
Montagne propose de cerner les avantages et les inconvénients cliniques
des DP, dans une utilisation diagnostique statique, chez 30 enfants présentant
une indication de scanner pour mucoviscidose Cette étude permettra
de vérifier la possibilité de substituer sans perte les détecteurs
plans au couple film-écran conventionnel, préalable nécessaire
à l'évaluation ultérieure des gains potentiels (réduction
de dose, impact organisationnel). Le Professeur Frija propose d'évaluer
ces détecteurs grand champ en termes de sécurité,
de performances et d'économie dans le cadre d'un hôpital sans
film.
RECOMMANDATION
Le CEDIT considère
que l'évaluation médico-économique des détecteurs
plans est à ce jour insuffisante et ne peut actuellement recommander
leur diffusion à l'AP-HP pour une pratique en routine. Mais il considère
important de suivre étroitement cette technologie, car elle s'intègre
d'une façon large dans la numérisation du dossier des patients.
Le CEDIT recommande donc la mise en œuvre du projet du Professeur Montagne
sur la qualité d'image, l'information diagnostique, et celui du
Professeur Frija sur l'étude économique et organisationnelle
dans une structure hospitalière très en pointe dans le domaine
informatique.
La diffusion
de la technologie dans les services de radiologie de l'AP-HP dépendra
des résultats de ces évaluations, des coûts mis en
jeu et des possibilités d'adaptation aux équipements existants.
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